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Discriminations et violences

Dans l'espace public et le milieu festif

L’espace public commence dès qu’on sort de l’espace privé, qui est la plupart du temps attaché à la maison et la sphère familiale. L’espace privé est un espace politique, ce qui peut sembler évident pour les personnes LGBTQIA+, mais cela ne signifie pas que l’espace public est neutre.

L’espace public est traversé par des rapports de domination et est occupé de façon inégalitaire par différents groupes sociaux. Ces dernières années, les études féministes et de genre ont mis en évidence les violences subies par les minorités de genre et les personnes LGBTQIA+ dans les espaces publics, les problématiques récurrentes et les enjeux qui y sont liés.

Être (in)visible ?

L’espace public est dominé par les hommes hétérosexuels : il est pensé pour et par eux. La conséquence est une (auto-)invisibilisation des femmes et personnes LGBTQIA+. Ces groupes sont toujours « fuyants », ils marchent généralement dans l’espace public avec un but précis, une trajectoire définie à l’avance. Ils sont rarement immobiles ou posés en groupe.

Être visible en tant que personne queer dans l’espace public s’accompagne presque toujours de la crainte d’être dévisagé·e, questionné·e, voire agressé·e. Nos identités et expressions de genre, jugées non-conformes, ou nos démonstrations d’affection (comme se tenir la main dans la rue) sont souvent pointées du doigt et peuvent être la source d’une certaine hostilité.

Sur le plan pratique, l’espace public n’est souvent pas adapté aux réalités des personnes LGBTQIA+. Par exemple, le projet Queer Piss mené par les associations Garance, L’architecture qui dégenre et fat-friendly montre l’inaccessibilité des toilettes publiques pour les corps queer et considérés “hors-normes” (personnes grosses, personnes handicapées, …). Pour les personnes LGBTQIA+, se promener et se sentir en sécurité dans l’espace public est un parcours plein d'obstacles.

Mais il existe des initiatives pour combattre ce manque de représentation, comme l’Opération drapeaux  organisée chaque année par la Fédération Prisme pour la Journée internationale de lutte contre les LGBTQIA+phobies  (17 mai), les passages pour piétons peints aux couleurs de l’arc-en-ciel ou encore les labels LGBTQIA+friendly dans les établissements commerciaux (Ici Ami·e·x à Mons, My Friendly Place à Verviers, Queer Destinations à Bruxelles), …  

Il est essentiel de se mobiliser pour un espace public plus inclusif où toutes les personnes ont les mêmes opportunités d’existence et de sécurité. Cela passe par la reconnaissance des comportements violents qui s’y produisent et la visibilisation des possibilités d’action et des recours légaux à leur encontre, particulièrement quand la sécurité des individu·es est menacée.

La violence dans l’espace public et festif, c’est quoi ?

C’est l’ensemble des agressions physiques ou verbales, harcèlements et comportements discriminatoires qui ont lieu :

  • dans des lieux accessibles à toustes : rues, transports en commun, alentours de domicile, parcs, ... ;
  • dans les environnements festifs : bars, clubs, soirées, concerts, festivals, ...

Ces violences sont majoritairement commises par des hommes (8 cas sur 10) selon un état des lieux des violences LGBTQIA+phobes en Région bruxelloise, ce qui montre le caractère patriarcal de ces violences. Elles sont également largement sous-déclarées (1 cas du 10 donne suite à une plainte). Parmi les causes de ce sous-rapportage, on trouve la banalisation des propos LGBTQIA+phobes, la méconnaissance de la loi ou encore le manque de confiance des victimes envers les institutions pour faire aboutir leur plainte.  

L’impact de ces violences sur le sentiment de sécurité et la liberté de mouvement des personnes minorisées dans l'espace public les contraignent souvent à adopter des comportements d'évitement, d'autocensure ou d’invisibilisation pour se protéger.

Quelles sont les différentes formes de violence ?

La violence, c’est tout comportement qui amène une personne à ne pas se sentir en sécurité. Elle peut être physique, psychologique, morale, sexuelle, ...  Menacer d'employer de la violence est déjà de la violence.

Il n’est pas nécessaire d’avoir des séquelles physiques et matérielles pour être victime de violence.

La violence physique

Quand on pense à la violence physique dans l’espace public, on pense souvent aux coups et blessures, au vol avec brutalité, aux agressions physiques ou bousculades, aux dommage matériels, ...  

En réalité, ces formes de violences sont assez rares et peu souvent commises par des inconnu·es. Cependant, selon l’étude de 2024 de safe.brussels, elles constituent le deuxième type de violence le plus courant dans l’espace public, après les violences verbales.

Quand l’auteur·rice de violence agit par haine ou mépris envers une personne ou un groupe en raison d’une caractéristique spécifique protégée par la loi antidiscrimination, comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la couleur de peau, le handicap, etc., iel risque une plus lourde peine car iel commet un délit de haine.  

Il existe d’autres formes de violence physique, comme la soumission chimique ou “spiking”, qui est le fait droguer une personne à son insu.

La violence psychologique ou verbale

Ce sont les comportements qui cherchent à exercer une domination sur la victime de violence. Cela peut passer par des insultes, des remarques déplacées, des menaces, suivre quelqu’un·e dans la rue, ...

Dans l’espace public, la violence psychologique ou verbale est souvent de nature sexiste. Ce sont tous les comportements qui méprisent et dévalorisent les femmes et personnes LGBTQIA+ et qui visent à les maintenir dans une position inférieure. Cette violence entretient et alimente les stéréotypes concernant les relations entre les genres.

La discrimination

La discrimination repose sur un traitement inégal en fonction de critères spécifiques prévus dans la loi antidiscrimination, comme le genre, l'âge, l'origine, la religion, la conviction politique, l'orientation sexuelle, l'état de santé, ...  

Une personne discriminée est traitée moins favorablement que d’autres dans une situation comparable, sans raison valable. Une distinction constitue une discrimination si elle n’est pas justifiée. Par exemple, refuser l’entrée d’une personne dans un bar ou un club, refuser l’accès à une personne trans au vestiaire qui correspond à son identité de genre, …  

Les discours de haine

Unia définit le discours de haine comme tous les propos agressifs ou insultants envers une personne ou un groupe, basés sur les critères spécifiques protégés par la loi antidiscrimination. Par exemple, des insultes qui ciblent spécifiquement l’orientation sexuelle ou l’expression de genre d’une personne constituent un discours de haine.

Le harcèlement sexuel

C’est un comportement perçu comme sexuel et imposé à la victime. Il peut être physique, verbal ou non-verbal. Il porte atteinte à la dignité d'une personne et crée une atmosphère intimidante, hostile, dégradante ou humiliante. Ces comportements relèvent du harcèlement sexuel même si la victime n’a pas exprimé clairement son refus.

Dans la rue, le harcèlement sexuel peut se manifester sous différentes formes : des regards insistants ou dérangeants, des remarques ou insinuations à connotation sexuelle, de l’exhibitionnisme, des propositions malaisantes, des attouchements physiques (par exemple, les « frotteurs » dans les transports en commun), ...

Quels sont les lieux publics et festifs ?

Lieux publics propices aux violences et discriminations

  • Transports en commun et gares
  • Rues et espaces urbains, parkings
  • Parcs et jardins publics
  • Établissements scolaires et universitaires
  • Alentours des lieux de culte et espaces religieux
  • Plages et piscines publiques
  • Événements publics (marchés, manifestations, stades)

Lieux festifs propices aux violences et discriminations

  • Bars, clubs, établissements de nuit
  • Soirées privées et afters
  • Boîtes de nuit et clubs
  • Quartiers festifs et espaces touristiques de la nuit
  • Saunas, sex-clubs et zones de “cruising”
  • Événements festifs de masse (festivals, concerts)

Quelles sont les réactions courantes des victimes face aux discriminations et violences ?

Face à un acte LGBTQIA+phobe, il arrive de rester sidéré·e, figé·e (en anglais : “freeze”). Dans ces moments, le cerveau, incapable de traiter le danger, bloque temporairement les pensées et mouvements pour se protéger. Ne pas avoir agi sur le moment n’est donc pas une faiblesse : c’est une stratégie de survie.  

Après avoir subi une violence ou une discrimination, il arrive aussi souvent de minimiser, taire ou rationaliser ce qui s’est passé. Ces mécanismes, souvent inconscients, aident à réduire l’angoisse et à garder une forme de contrôle. Dans un contexte où les violences LGBTQIA+ sont encore trop banalisées, ces réactions permettent de tenir bon.  

On peut aussi ressentir de la honte, de la culpabilité, de la colère ou de la peur. Ces émotions sont légitimes et s’expliquent par les rapports de force systémiques : les personnes hétérosexuelles et cisgenres, en position dominante, imposent des normes qui donnent le sentiment que les identités ou expressions LGBTQIA+ seraient “en dehors” de ce qui est attendu. Internaliser ces jugements peut provoquer du dégoût de soi et nuire à la santé, tant sur le plan physique que mental.

Pour se protéger des violences et discriminations, on peut parfois choisir de cacher une partie de qui on est. Bien que ce comportement soit compréhensible, il présente un risque important de dépression, d’anxiété, de comportements à risque. Selon les recherches, les personnes LGBTQIA+ ont entre 2 et 8 fois plus de risques de tentative de suicide que les personnes hétéro-cisgenres.

Les violences LGBTQIA+phobes ont des conséquences profondes sur la santé mentale et physique des victimes. Toutes les réactions possibles des victimes sont humaines et compréhensibles face à l’injustice sociale dont elles sont victimes. Les victimes ne sont pas responsables : c’est la société qui doit agir, en interrogeant ces violences et en garantissant la sécurité, la dignité et les droits des personnes LGBTQIA+. La violence LGBTQIA+phobe est inacceptable et punissable par la loi.

Que dit la loi ?

De manière générale, le code pénal sanctionne les différentes formes de violence avec des peines variant entre 1 mois et 5 ans d’emprisonnement en fonction du type de violence et de 50 à 1 000 euros d’amende.

Les violences physiques sont détaillées dans le code pénal en fonction de la nature de l’acte : coups et blessures, dégâts matériels, spiking, ...

Le consentement et l’atteinte à l’intégrité sexuelle

La loi du 21 mars 2022 a modifié le code pénal sexuel pour définir une série d’atteintes à l’intégrité sexuelle et adopter une définition plus claire du consentement. Selon cette loi (article 417/5) :

  • le consentement doit être donné librement ;
  • le consentement ne se réduit pas à l’absence de résistance de la victime ;
  • le consentement est révocable : il peut être retiré à tout moment.

Il n’y a pas de consentement si la personne n’a pas la capacité de la donner parce que :

  • la personne est en situation de vulnérabilité due à un état de peur ;
  • la personne est sous influence de l’alcool, de stupéfiants, de substances psychotropes ou de toute autre substance ayant un effet similaire ;
  • le jugement de la personne est affecté par une maladie ou une situation de handicap ;
  • la personne est inconsciente ou endormie ;
  • la personne a été victime de menace, de violences physiques ou psychologiques, d'une contrainte, d'une surprise, d'une ruse ou de tout autre comportement punissable.

L’atteinte à l’intégrité sexuelle (article 417/7) c’est exécuter ou faire exécuter un acte à caractère sexuel sur ou par une personne qui n’y consent pas. Cela comprend aussi le fait de montrer des actes à caractère sexuel à une personne qui n’y consent pas.

Le harcèlement

Le harcèlement est défini à l’article 442bis du Code pénal : c’est tout comportement qui affecte une autre personne alors que l’auteur·rice savait ou aurait dû savoir que ce comportement affecte gravement la tranquillité de la victime.

L’article 442ter prévoit que les peines prévues en cas de harcèlement peuvent être doublées si l’intention de l’auteur·rice est la haine, le mépris ou l’hostilité envers une personne en raison de son sexe, de son identité de genre, de son expression de genre, de ses caractéristiques sexuelles, de son orientation sexuelle, ...

La calomnie et diffamation

La calomnie et la diffamation sont sanctionnées aux articles 443 à 452 du code pénal.  

  • La diffamation c’est attribuer à une personne un fait qui nuit à son honneur ou sa réputation. Cela peut être vrai ou faux. Ce qui est important, c’est que cela endommage la réputation de la personne.
  • La calomnie est similaire, mais c’est une diffamation mensongère : l’auteur·rice ment dans le but de nuire à la réputation de la victime.

Les lois antidiscrimination

Un ensemble de trois lois fédérales interdit et encadre la discrimination en Belgique :

  • La loi du 30 juillet 1981, appelée “loi antiracisme” réprime la discrimination raciale, les discours de haine, et porte sur les caractéristiques protégées dites « raciales » telles que la nationalité, la prétendue race, la couleur de peau, l’ascendance ou encore l’origine nationale ou ethnique.
  • La loi du 10 mai 2007, appelée “loi genre”, tend à lutter contre la discrimination entre les femmes et les hommes et porte sur des critères protégés qui sont liés au genre tels que le sexe, la grossesse, la procréation médicalement assistée, la transition médicale et sociale, l’identité et l’expression de genre, ...
  • La loi du 10 mai 2007, plus largement appelée “loi antidiscrimination”, tend à lutter contre certaines formes de discrimination. Elle porte sur des critères protégés autres que les critères “raciaux” et liés au genre, tels que l’âge, l'orientation sexuelle, la conviction religieuse, le handicap, l’origine sociale, ...

Parmi les critères protégés par ces lois, on retrouve le sexe, la transition médicale ou sociale, l'identité de genre, l'expression de genre, les caractéristiques sexuées, l'orientation sexuelle.  

Ces critères ne doivent pas forcément être réellement présents chez la victime : il suffit que l’auteur·rice suppose que la victime possède un ou plusieurs de ces critères.  

Ces lois antidiscrimination condamnent également l'incitation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Grâce à ces lois, il est possible de punir plus sévèrement les violences motivées par la haine, comme dans le cas des discours et délits de haine.

L'incitation à la discrimination ou à la haine consiste à adopter, en public, un des comportements suivants :  

  • Inciter à la discrimination à l'égard d'une personne ;
  • Inciter à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ;
  • Inciter à la discrimination ou à la ségrégation à l'égard d'un groupe, d'une communauté ou de leurs membres ;
  • Inciter à la haine ou à la violence à l'égard d'un groupe, d'une communauté ou de leurs membres.

L'adhésion à un groupe ou une association qui prône, en public et de manière manifeste et répétée, la discrimination ou la ségrégation fondée sur un ou plusieurs des critères protégés est également punissable.

Un nouveau code pénal entre en vigueur le 8 avril 2026.
  • Les mobiles discriminatoires sur base du sexe, de l’identité ou expression de genre, des caractéristiques sexuelles, de l’orientation sexuelle sont définis comme facteur aggravant des infractions à l’article 29.
  • Le harcèlement y est défini aux articles 237, 238 et 239.
  • La calomnie est visée aux articles 240 à 246.
  • Les actes de discrimination y sont répertoriés aux articles 249 à 257.

Que faire ?

Pense à ta sécurité immédiate

En tout premier lieu, évalue la situation.  

Si tu te trouves dans une situation de danger immédiat :
  • Demande de l’aide autour de toi
  • Réfugie-toi dans un endroit sûr (magasin, café, espace public fréquenté, ...)
  • Appelle le 112 : urgence générale (pompiers, ambulance). Numéro unique pour toute l’Europe
  • Appelle le 101 : aide urgente de la police locale  

Dans les transports publics

SNCB

Appelle Securail (numéro d’urgence gratuit disponible 24h/24) : 0800 30 230. Enregistre ce numéro dans les contacts de ton téléphone pour l’avoir toujours sous la main.

Tu peux également aller trouver directement les agent·es de Securail, reconnaissables à leurs uniformes rouges ou noirs, dans les gares et à bord des trains.

TEC

Préviens le/la conducteur·rice et signale un problème au call-center local :

STIB

En cas de danger sur le réseau STIB, contacte les numéros généraux de secours (101 et 112) en priorité.

Métro : tous les quais de métro sont équipés de plusieurs bornes SOS. Elles permettent de contacter le dispatching, qui peut réagir en temps réel. Il y a un contact direct entre elleux et la police.

Le service de sécurité de la STIB patrouille tout le réseau : tu peux les contacter à travers les bornes SOS ou à travers les conducteur·rices de tram et de bus.

Les stations de métro, les métros, trams et bus disposent de caméras, qui peuvent être accessibles à la police en cas de plainte.

Garde des preuves

Subir des violences n’est pas banal. Se rappeler la violence ou la discrimination qu’on a vécu est difficile et les émotions qui te traversent sont légitimes, mais c’est nécessaire si tu souhaites agir contre l’auteur·rice de violence.

Rassemble un maximum d’informations concernant ce qu’il s’est passé. Plus les informations sont exactes mieux c’est. Le plus rapidement possible après les faits, prends note des informations suivantes :  

  • Date et lieu
  • Faits : que s’est-il passé exactement ?
  • Propos : qu'est-ce qui a été dit exactement ?
  • Identité ou description de l’auteur·rice
  • Noms et coordonnées de témoins éventuels
  • Si dans un transport public : ligne de transport concernée et horaire

Les violences motivées par la haine reçoivent des sanctions plus lourdes. Cela peut être très difficile de répéter les mots utilisés pour te blesser, mais cela peut renforcer ton dossier.  

Tente également de rassembler des preuves des conséquences psychologiques, sociales, professionnelles ou médicales des faits. Rassemble toutes les preuves qui peuvent confirmer tes informations :

  • Vidéos et/ou photos de l’incident ;
  • Preuves médicales (certificat, imagerie médicale, ...) ;
  • Photos des blessures, contusions, ... ;
  • Photos des dégâts matériels.

Consulte un médecin

En cas de violences physiques

Rends-toi aux urgences ou consulte un médecin le plus rapidement possible. Pour trouver un médecin safe, consulte “Obtenir du soutien”.

Les professionnel·les de santé pourront te soigner mais également faire un constat de ton état physique et te délivrer un certificat médical, qui sera utile pour ton signalement futur.

Si tu n’as pas de blessure visible mais que tu as reçu un choc à la tête, il y a un risque de commotion cérébrale : consulte un médecin.

En cas de violences sexuelles

Si la violence a eu lieu il y a moins d’une semaine  

Rends-toi dans un Centre de Prévention des Violences Sexuelles (CPVS) sans rendez-vous, ou contacte le centre par téléphone ou email. Les CPVS sont ouverts 7j/7 et 24h/24.

Tu y recevras une écoute attentive et des informations, ainsi que des soins médicaux, médico-légaux ou psychologiques si tu le souhaites. Ils sont confidentiels et gratuits.

Si tu souhaites porter plainte, tu pourras le faire directement au CPVS avec un·e agent·e de police formé·e.

Le mieux est de se rendre au CPVS le plus rapidement possible et d’y apporter un maximum d’objets portant des traces de l’auteur·rice de violence. Par exemple, les vêtements que tu portais, les draps, ... Il est également recommandé de ne pas uriner et de ne pas se laver si possible. Si tu penses avoir été drogué·e, conserve ton urine dans un contenant étanche et garde-le au frigo.

Dans certaines villes, un service de taxis gratuits peut t’emmener directement au CPVS :

  • Louvain-la-Neuve : Appelle Ariel, 010 47 24 24

Si tu es mineur·e, tu peux te rendre au poste de police le plus proche, la police organisera un transport vers un CPVS.

Si la violence a eu lieu il y a plus d’une semaine

Appelle ou envoie un email au Centre de Prévention des Violences Sexuelles (CPVS) le plus proche pour fixer un rendez-vous.

Tu y recevras une écoute attentive et des informations. Des possibilités de soins médicaux et psychologiques et d’enquête médico-légale te seront proposées selon tes besoins.  

Si tu souhaites porter plainte, le CPVS pourra t’aider à fixer un rendez-vous avec la police.

Dépose plainte à la police

Si tu souhaites que l’auteur·rice de violence soit poursuivi·e en justice, il faut porter plainte à la police.

Il vaut mieux porter plainte le plus rapidement possible après les faits, car certaines preuves qui pourraient être réunies par la police peuvent rapidement disparaître (par exemple, des enregistrements de caméra de surveillance).  

Si cela s'est passé il y a longtemps, il reste important de le signaler. Déposer une plainte peut ouvrir la voie à d'autres plaintes futures visant la même personne, ou être utile pour créer un dossier qui rassemble plusieurs plaintes.  

Attention :
  • Si tu es mineur·e, la police devra informer tes parents de ta plainte.
  • Il n’est pas possible de porter plainte à la police de manière anonyme : pour établir un procès-verbal, la police a besoin des informations présentes sur ta carte d’identité (nom, date de naissance, adresse, ...).

Être accompagné·e

Tu peux être accompagné·e au moment du dépôt de plainte, par un·e proche, une personne de confiance ou un·e professionnel·le formé·e. Tu peux par exemple faire appel aux travailleur·euses des Maisons Arc-en-Ciel.

Il existe aussi des services d’assistance aux victimes qui peuvent t’accompagner :  

Les Services d’Assistance Policière aux Victimes (SAPV)

Ces services, rattachés à la police, peuvent intervenir avant ou après le dépôt de plainte. Ils apportent un premier soutien rapide : une écoute et un espace de parole sécurisé, ainsi que des informations sur les démarches qui suivent et les services qui pourraient potentiellement t’aider.  

Ils peuvent accompagner et soutenir les victimes au moment du dépôt de plainte si elles en font la demande.  

Trouve les coordonnées du service le plus proche ici.

Les services d’aide aux victimes

Ces services sont indépendants de la police et de la justice, gratuits et confidentiels. Ils proposent un suivi personnalisé aux victimes et à leurs proches : aide psychologique et/ou sociale, orientation et soutien dans les différentes démarches (police, institutions judiciaires, assurances, médecin, etc).  

Tu peux y faire appel à tout moment, que tu aies déposé plainte ou non. Trouve les coordonnées du service le plus proche ici.

Déposer plainte au poste de police

Tu peux te rendre au poste de police de ton choix directement ou prendre rendez-vous pour faire établir un procès-verbal. La police ne peut pas refuser d’acter ta plainte.   

  • N’oublie pas de prendre avec toi tes documents d’identité et les preuves que tu as rassemblées.
  • Toutes les zones de police ont normalement désigné une personne référente pour les discriminations et délits de haine, à qui tu peux demander à parler.
  • La police doit enregistrer explicitement les cas de violence LGBTQIA+phobe pendant la rédaction du procès-verbal. Parfois l’agent·e de police ne sait pas qu’iel doit ou peut le faire, n’hésite donc pas à le demander clairement.
  • Demande à signer une “déclaration de personne lésée”. Cela te permettra d’être informé·e de la suite de la procédure.
  • Tu recevras une “attestation de dépôt de plainte”, qui contient des informations utiles pour la suite de la procédure. Tu peux également demander à recevoir une copie de ton procès-verbal. La police ne remet en principe qu’une seule copie.
  • Il est possible de faire modifier le procès-verbal à tout moment, même si celui-ci est déjà établi, si tu te souviens d’autres détails importants par la suite.

Faire une déclaration en ligne

Si te déplacer n’est pas possible ou que tu préfères ne pas entrer en contact direct avec la police, une autre solution est de déclarer les actes LGBTQIA+phobes au guichet en ligne de la police.

Il y a deux conditions pour pouvoir faire une déclaration en ligne :

  • Tu as une carte d’identité belge ;
  • L'auteur·rice des faits est inconnu·e.

Fais ta déclaration en ligne ici.

  • Clique sur “Guichet digital : déclaration non-urgente". “Non-urgente” signifie que ta demande est traitée par la zone de police compétente pendant les jours de travail. Pour les demandes urgentes, il faut se rendre directement au poste de police.
  • Dans le formulaire, sélectionne “Délits de haine”, identifie-toi puis explique les faits.
  • N’oublie pas de joindre des preuves à ta déclaration.

La police te recontactera si elle a besoin de plus d’informations, puis rédigera un procès-verbal.

Et après ?

Une fois qu’un procès-verbal est rédigé, une procédure judiciaire débute dans la plupart des cas. Cette procédure est expliquée ici. Elle peut être longue et contenir de nombreuses étapes. Tu peux demander à recevoir du soutien pendant celle-ci.

Les services d’accueil des victimes

Les services d’accueil des victimes (à ne pas confondre avec les services d’aide policière aux victimes et les services d’aide aux victimes) dépendent des Maisons de justice. Les victimes peuvent y faire appel à n’importe quel moment de la procédure judiciaire et sont prises en charge par un·e assistant·e de justice.    

Ces services peuvent informer les victimes sur leurs droits et le déroulement d’une procédure judiciaire, servir d’intermédiaire entre le/la magistrat·e responsable de l’enquête et la victime, apporter un soutien émotionnel et un accompagnement dans les démarches, et orienter les victimes vers des services spécialisés si nécessaire.    

Ces services peuvent t’accompagner du dépôt de plainte jusqu’à la fin de la procédure judiciaire. Trouve les coordonnées du service le plus proche.

L’aide juridique de première ligne

Ce service permet aux victimes d’obtenir gratuitement des renseignements pratiques, des informations juridiques ou un premier avis juridique de la part d’avocat·es. Des permanences sont organisées dans les Bureaux d’Aide Juridiques de chaque barreau. Trouve les coordonnées du bureau d’aide juridique le plus proche en cliquant sur le barreau de ta région.

L’aide juridique de deuxième ligne (gratuite ou à moindre frais) est accessible aux personnes à faibles revenus.

Déposer plainte pour un traitement discriminatoire de la part d’un·e agent·e de police

Si, durant ton dépôt de plainte, tu estimes avoir été victime de discrimination de la part de la police, tu peux porter plainte :  

  • auprès du/de la chef·fe de la police ou du “responsable du contrôle interne” du service de police concerné ;
  • à l'Inspection Générale de la Police (AIG) ;
  • au Comité P, l’organe de contrôle externe des services de police.  

L’inspection générale de la police fédérale et locale (AIG)

L’inspection générale de la police est un organe de contrôle indépendant qui cherche à améliorer le fonctionnement des services de police. Elle reçoit les plaintes concernant les agent·es ou les services de la police fédérale ou de la police locale. Selon la nature de la plainte, elle l’examine elle-même ou la transmet à la direction du/de l’agent·e ou du service de police concerné. Dépose ta plainte ici.  

Le Comité P

Le Comité P examine toutes les plaintes qui montrent un problème dans l’organisation ou la structure policière, un problème individuel, une négligence ou une erreur grave de la part de la police. Les plaintes qui concernent les fautes ou problèmes individuels aux services de contrôle interne de la police concernée et vérifie qu’elles sont traitées correctement. Le comité P ne punit pas la police. Il rédige des rapports au Parlement pour informer sur son fonctionnement.

Dépose ta plainte ici. Tu recevras d’office une réponse écrite concernant ta plainte. Tu peux demander au Comité P de ne pas communiquer tes coordonnées, mais cela peut rendre l’enquête limitée voire impossible.  

Tu peux aussi introduire un signalement aux organismes compétents en matière de discrimination.

Introduis un signalement

Si tu ne souhaites pas déposer une plainte à la police, tu peux introduire un signalement aux organismes qui luttent contre la discrimination.

Un signalement ne remplace pas une procédure judiciaire. Si les faits sont graves, le dépôt de plainte à la police est conseillé.

Quand tu introduis un signalement, les organisations de lutte contre la discrimination peuvent t’offrir une écoute, du soutien et des conseils sur les démarches que tu peux entreprendre, de façon gratuite et confidentielle.    

Dans certains cas, ils peuvent agir en tant que médiateur entre toi et la partie adverse, en négociant pour obtenir une reconnaissance de la faute, une indemnisation ou une autre forme de réparation. Parfois, si les faits de discrimination sont très graves et des preuves ont pu être collectées, une action en justice peut être menée.  

Si une procédure judiciaire a été entamée, ces organismes peuvent également t’informer ou t’accompagner, et dans certains cas se porter partie civile dans un procès à tes côtés, pour appuyer le caractère discriminatoire de l’acte LGBTQIA+phobe.  

Il est important de signaler les faits de LGBTQIA+phobie aux organismes compétents, même si cela te semble une “perte de temps” qui n’aboutira à rien. Ces signalements permettent aux organismes de rassembler des données importantes sur la situation belge en matière de discrimination. Cela leur permet de formuler des recommandations afin de renforcer les politiques antidiscrimination menées par les autorités publiques. En rendant les cas de violences LGBTQIA+phobes visibles, tu fais vraiment la différence.

Discrimination basée sur le genre et/ou le sexe

Tu peux introduire un signalement à l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes (IEFH). L’IEFH est compétente pour toute discrimination, discours de haine ou délit de haine concernant le sexe, le genre, la transition de genre, l’identité ou l’expression de genre, ainsi que les caractéristiques sexuées. Plus d’informations sur les critères protégés par l’IEFH ici.

Complète le formulaire de signalement ici.

Si tu rencontres des difficultés pour compléter le formulaire, tu peux appeler le 0800 12 800 les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h, et le mercredi de 13h à 16h.  

Tu peux faire un signalement anonyme ou en ton nom, mais déposer un signalement en ton nom facilite le suivi de ton dossier. Si tu choisis de porter plainte en ton nom, ton identité ne sera pas révélée à la personne ou à l'organisation concernée sans ton accord.

Discrimination basée sur l’orientation sexuelle/romantique

Tu peux introduire un signalement à Unia. Unia est compétente pour toute discrimination, discours de haine ou délit de haine concernant l’orientation sexuelle ou romantique, mais aussi de nombreux autres critères protégés pour lesquels tu pourrais également être concerné·e.  

Complète le formulaire de signalement ici.

Si tu rencontres des difficultés pour compléter le formulaire, tu peux appeler le 0800 12 800 du lundi au vendredi entre 9h30 et 13h.  

Attention : pour que ton signalement soit pris en compte, les faits doivent dater de moins d’un an, et ton signalement ne peut pas être anonyme.

Bruxelles : Let’s Report LGBTQIA+phobia de la Rainbow House Brussels

Le projet Let’s Report LGBTQIA+phobia permet à toute personne victime d’un acte LGBTQIA+phobe sur le territoire bruxellois de le signaler. L’objectif de ce projet est d’obtenir des données chiffrées sur les violences LGBTQIA+phobes à Bruxelles afin de les faire remonter aux autorités publiques compétentes.  

Le signalement est anonyme, confidentiel et sécurisé, et peut être fait en parallèle d’un signalement auprès d’Unia ou de l’IEFH. Au besoin, tu seras orienté·e vers des services d’aide ou de soutien.

Ces signalements concernent tout acte LGBTQIA+phobe, que ce soit une agression verbale, physique ou du harcèlement, qui a eu lieu sur le territoire bruxellois.

Envoie un mail à fiche@rainbowhouse.be ou envoie un SMS, message Whatsapp ou laisse un message vocal au 0492 40 84 84. On te recontactera dans les trois jours pour convenir d’un rendez-vous.  

En signalant les actes LGBTQI+phobes, tu contribues à mettre en lumière tous les actes rarement reportés aux autorités, et cela peut faire la différence.

Tu as été victime d’un acte LGBTQIA+phobe sur le territoire wallon ? Signale-le à Unia ou l’IEFH, ou contacte une Maison Arc-en-Ciel pour qu’elle t’accompagne dans tes démarches.

Obtenir du soutien

Associations LGBTQIA+

Faire face à des violences LGBTQIA+phobes est une épreuve très difficile. Les espaces communautaires sont une ressource importante : le soutien social qu’elles apportent peut jouer un rôle protecteur face aux effets négatifs de la discrimination. Ils permettent de rompre l’isolement, mais aussi de renforcer la capacité à reprendre du pouvoir sur sa vie et à se réapproprier son histoire.

Ces espaces permettent de partager des expériences communes, d’accéder à des informations fiables et de bénéficier d’un réseau de personnes solidaires, ce qui contribue à réduire l’impact des violences vécues.

En Belgique francophone, plusieurs structures peuvent offrir ce type de soutien :

Wallonie
  • Les Maisons Arc-en-Ciel sont des espaces de soutien psycho-social et de sociabilisation pour les personnes LGBTQIA+. Elles sont les relais locaux pour toute personne LGBTQIA+ à la recherche d’un lieu convivial et bienveillant, d’activités entre pairs et d’informations.
Bruxelles
Wallonie et Bruxelles
  • Pixiels, la fédération des jeunes LGBTQIA+, est composée de six pôles locaux qui mettent en place des espaces safer où les jeunes queer peuvent sociabiliser, s’informer, échanger et vivre pleinement leur identité.
  • Genres Pluriels est une association d’accueil et de soutien pour les personnes transgenres et intersexuées. Iels organisent des permanences et des groupes de parole chaque mois.
  • Ex Aequo est une association qui s’adresse aux communautés gays et HSH. Iels organisent des dépistages d’IST, des accompagnements en matière de chemsex, des groupes de paroles autour du VIH, ...

Services d’aide et d’écoute non-spécialisés LGBTQIA+

Wallonie et Bruxelles
  • Les Services d’aide aux victimes offrent gratuitement un accompagnement psychologique aux personnes victimes de violences.
  • Les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) offrent des soins médicaux, psychologiques et légaux aux victimes de violences sexuelles et des conseils aux personnes de soutien. Tous les soins sont proposés en un seul lieu par une équipe spécialement formée.
  • Brise le silence apporte une aide aux victimes de violences sexuelles à travers une aide psychologique (pair-aidance et groupes thérapeutiques) ou un accompagnement psycho-médico-social ou juridique. Par téléphone au 0488 800 626 du lundi au vendredi de 9h à 12h30 ou par formulaire de contact.
  • Télé-Accueil offre une écoute gratuite, anonyme, pour toute personne qui en ressent le besoin. Par téléphone au 107 (24h/24) ou via le chat (entre 13h et 3h du matin – en collaboration avec le site français SOS amitié).
  • SOS Viol apporte aux victimes et à leurs proches des points de repère pour les aider à y voir plus clair et les orienter. Par téléphone au 0800 98 100 du lundi au vendredi de 8h à 18h, par email (info@sosviol.be) ou chat les lundi et vendredi de 17h à 21h et le mercredi de 14h à 18h.

Mineur·es :

  • Ecoute-Enfants fournit une écoute sans jugement aux enfants et aux adolescent·es. Par téléphone au 103 tous les jours de 10h à minuit.
  • Maintenant j’en parle permet aux mineur·es victimes de violences sexuelles de chatter avec des intervenant·es spécialisé·es du lundi au vendredi de 18h à 21h.
Bruxelles
  • Le site stop-violence.brussels propose une carte interactive des services compétents en matière de violence. Un filtre “LGBTQI+” dans “Situations spécifiques” permet de trouver les services formés aux spécificités des personnes LGBTQIA+.

Accompagnement psychologique ou médical LGBTQIA+friendly

Plusieurs réseaux associatifs LGBTQIA+ peuvent te recommander des professionnel·les de santé LGBTQIA+-friendly :

Wallonie et Bruxelles
Bruxelles
  • La Maison Arc-en-Ciel de Santé est une maison médicale et un centre de santé à destination des publics LGBTQIA+. Consultations du lundi au jeudi de 9h à 18h à la rue des Grands Carmes 20, 1000 Bruxelles. Par téléphone au 02 372 01 22 du lundi au vendredi de 8h à 18h ou par mail sur info@macs.brussels.

Comment parler de la violence vécue à ses proches ?

Pourquoi est-ce si difficile d’en parler ?

Quand on subit de la violence ou de la discrimination, le choc émotionnel peut provoquer un repli sur soi, par peur d’être jugé·e, pas cru·e, blâmé·e, ...  La honte de soi ou d’avoir vécu de la violence, la peur d’en subir davantage, peuvent t’empêcher d’en parler et de chercher du soutien. Parfois, l’entourage a provoqué la violence ou a eu des propos LGBTQIA+phobes, et il est encore plus difficile de se confier. Dans ce contexte, on peut facilement se retrouver isolé·e et négliger ses relations sociales.

C’est normal de ressentir de la colère, de la peur, de la tristesse ou un profond sentiment d’injustice face aux violences vécues. Ces émotions ne sont pas des faiblesses, elles sont des signaux par rapport à ce que l’on vit ou a vécu. Apprendre à les identifier, à les nommer (par l’écriture, la parole, le sport, la relaxation…) est une première étape pour prendre soin de soi. Des professionnel·les de la santé peuvent t’accompagner dans cette démarche.

Parler des violences qu’on a vécues et donner l’opportunité à l’autre de reconnaître notre douleur, permet de guérir, de retrouver espoir et confiance, et de s’armer davantage dans le cas où cela se reproduirait. Mais si tu ne souhaites pas en parler, personne ne peut te forcer. Tu n’es pas obligé·e de tout dire, ni à tout le monde, ni tout de suite, ni tout court

Quelques conseils pour en parler

Dans les cas de violences LGBTQIA+phobes, il vaut mieux s’adresser à des proches ou professionnel·les qui comprennent ces identités et peuvent offrir un soutien adapté. Tu peux choisir de parler à une personne de confiance, un·e ami·e, un·e proche qui t’a déjà écouté ou soutenu par le passé.

Bien souvent, on hésite à en parler à nos proches car on pense qu’on va les déranger ou les faire souffrir. Pourtant, il y a plusieurs avantages à en parler, comme :  

  • le partage d’une charge émotionnelle, d’un poids ;
  • la possibilité pour nos proches de mieux comprendre notre état et nos besoins ;
  • dans le meilleur des cas, cela offre aux personnes de notre entourage la possibilité de nous aider et de nous montrer leur soutien.

Pour bien préparer la conversation, choisis un endroit calme où la discussion ne sera pas dérangée et où tu te sens en sécurité.

Si tu n’es pas sûr d’arriver à t’exprimer, tu peux commencer par écrire ce que tu souhaites dire afin de te préparer. Si, le moment venu, tu n’arrives pas à passer par la parole, tu peux donner ton texte à lire à la personne.

Pour que la discussion se passe au mieux pour toi, réfléchis à l’avance aux attentes que tu places sur cette conversation. Souhaites-tu simplement te confier ? Veux-tu demander des conseils, de l’aide ? Lors de la conversation, sois clair sur tes attentes vis à vis de la personne à qui tu parles.

Il est possible de commencer la conversation par des phrases comme : “J’ai besoin de te parler de quelque chose de difficile, c’est important pour moi et j’ai besoin que tu me croies.”

Si tu souhaites que la conversation reste confidentielle, dis-le clairement à la personne. Sois conscient·e que si ton histoire est très difficile, la personne à qui tu te confies aura peut-être besoin d’en parler à quelqu’un d’autre.

Prends le temps de dire ce que tu veux dire et utilise les mots qui collent à ton ressenti. Ce n’est pas grave si ce ne sont pas les mots exacts pour décrire au mieux la situation.

Certaines personnes peuvent être incapables de t’écouter. Par peur, par ignorance ou par rejet. Elles peuvent avoir de nombreuses raisons pour cela mais ça ne change pas le fait que tu as le droit d’être écouté·e et entendu·e. Même si c’est douloureux, cela ne remet pas en question ton droit de t’exprimer. Tu ne dois pas affronter ce genre de situations seul·e : d’autres personnes, d’autres espaces (associatifs, groupes de soutien, professionnel·les LGBTQIA+friendly) peuvent être plus soutenant·es.

Parler de ce qu’on a vécu est un droit, pas une obligation. C’est une étape vers la reconstruction, mais elle peut prendre du temps. Il n’y a pas de "bonne" manière ni de moment idéal. Tu peux être fier·ère de chaque étape de ton parcours, qu’importe le temps que ça t’a pris.

Témoin

Pourquoi on a tendance à ne pas agir ?

Les témoins de violences LGBTQIA+phobes jouent un rôle important dans la lutte contre les discriminations, mais iels n'interviennent souvent pas directement. Voici les raisons principales de cette non-intervention :

  • Le manque de connaissances : beaucoup de témoins ne savent pas reconnaître les situations de violence ou de discrimination envers les personnes LGBTQIA+, ou bien ne sont pas suffisamment renseigné·es sur le sujet. Souvent, iels ne savent pas si une intervention est nécessaire ou non.
  • La banalisation des violences : certains témoins minimisent l'importance des actes discriminatoires ou violents, par exemple en se disant “Ce n’est pas méchant”, “Ce n’est qu’une blague” ou “Un vrai mec ne se comporte pas comme ça “, ...
  • La peur des conséquences : les témoins peuvent craindre pour leur propre sécurité ou redouter des répercussions sociales ou professionnelles.
  • Le manque de confiance : certains témoins doutent de leur capacité à intervenir efficacement.
  • L’état de choc ou la surprise : aussi bien les victimes que les témoins peuvent être surpris·es voire en état de choc face à une situation de violence. Ces personnes sont alors en quelque sorte « figées » (physiquement et/ou mentalement), ce qui les empêche de réagir de manière adaptée.
  • L’effet témoin : si d’autres personnes sont également témoins de la situation, cela aura un effet de « dilution » de la responsabilité. Les témoins peuvent avoir tendance à se dire que quelqu’un d’autre réagira forcément, ce qui finit par conduire à l’inaction de tout le monde.

Que faire ?

Apporte un soutien immédiat

Il est important de montrer son soutien à la victime en montrant que le comportement de l’auteur·rice des faits n’est pas toléré. Réagir dès le début peut stopper la violence et d’éviter son escalade. De plus, réagir à une situation problématique en tant que témoin renforce les victimes : cela leur permet de se sentir moins isolées et leur donne de la légitimité dans leurs démarches futures.

Si tu t’en sens capable, tu peux agir directement : questionner et ne pas banaliser les discours de haine et le harcèlement est très important. En signalant publiquement à la personne que tu désapprouves son comportement, tu repousses les limites de ce qui est considéré comme acceptable.

S’il y a un risque de danger immédiat, la priorité est d’assurer la sécurité de la victime (et la tienne, en tant que témoin), si nécessaire en se mettant à l’écart de l’auteur·rice.

Voici les numéros d’appel d’urgence :

  • 112 : urgence générale (pompiers, ambulance) et numéro unique pour toute l’Europe
  • 101 : aide urgente de la police locale
  • Numéros d’urgence dans les transports publics

La méthode des 5D

S’il n’y a pas de violence physique, la technique des 5D t’aide à réagir au harcèlement dans l’espace public :

  1. Distraire : si tu vois une personne en difficulté, interviens avant que la situation ne dégénère pour distraire l’attention de son harceleur. Tu peux lui demander l’heure, ton chemin ou même faire semblant de la connaitre.
  2. Déléguer : si tu ne te sens pas capable d’intervenir seul·e, demande de l’aide à quelqu’un d’autre : passant·es, commerçant·es, chauffeur·euses de bus… Iels pourront t’aider à gérer cette situation.
  3. Documenter : si tu as ton téléphone sur toi, n’hésite pas à filmer ou photographier la scène. Note discrètement la date, l’heure et le lieu pour que ces informations figurent dans la vidéo. Ne la diffuse pas sur les réseaux sociaux. Ces preuves pourront être utilisées par la victime dans le futur si elle souhaite porter plainte.
  4. Diriger : selon la situation et sans te mettre en danger, tu peux directement intervenir auprès de la victime en demandant à l'auteur·rice de violence d’arrêter et de partir.
  5. Dialoguer : une fois l'auteur·rice parti·e, tu peux aller voir la victime pour la rassurer, lui dire qu’elle n’est pas seule et lui demander si elle a besoin de quoi que ce soit. Il faut surtout ne pas la brusquer et lui expliquer que le comportement de l’auteur·ice n’est pas normal et que la situation n’est pas de sa faute.

Documente l'incident

  • Au moment des faits, sois attentif·ve au déroulement précis des faits (date et lieu, mots et gestes utilisés, description de l’auteur·rice,…)
  • Avec le consentement de la victime, collecte des preuves (photos, vidéos, vocal, ...)
  • Propose d'accompagner la victime aux urgences, chez un·e médecin ou au Centre de Prévention des Violences Sexuelles (CPVS)

Encourage la victime à signaler les faits

Encourage la victime à signaler l’acte LGBTQIA+phobe :  

En tant que témoin, tu peux aussi porter plainte à la police ou introduire un signalement à Unia ou l’IEFH en ton nom. Tu peux aussi faire appel à des Services d’Aide aux Victimes.

Oriente vers des ressources

Les violences et discriminations LGBTQIA+phobes amènent souvent les victimes à se replier sur elles-mêmes. Tu peux prévenir cela en orientant la victime vers des services de soutien et des associations LGBTQIA+ dans sa région : Obtenir du soutien

Forme-toi aux thématiques LGBTQIA+

Le manque de connaissances est une des causes principales du manque de réaction quand on est témoin. Chercher à s’informer, à écouter activement et à comprendre les réalités LGBTQIA+ est essentiel pour accueillir le témoignage de la victime et lui permettre de croire en sa capacité de résilience.

Cette section réunit des ressources pouvant être utiles pour cela. Bien évidemment, si tu as dans ton entourage des personnes LGBTQIA+ et que tu as l’occasion de leur en parler, cela peut être tout aussi intéressant de s’informer sur leur vécu (tout en veillant à rester bienveillant·e).

Pour se former :

Pour s’informer :

Ressources

Violences sexistes et sexuelles

Milieu festif

Témoin

Labels LGBTQIA+friendly pour les établissements commerciaux

Autres ressources

  • Rainbow Cops - Dépliant “Victimes”
  • Plateforme BLOOM : cours en ligne qui combinent des connaissances sur les traumatismes et les violences avec des pratiques thérapeutiques qui aident à guérir des traumatismes
  • App-elles : App-elles est une application initialement conçue pour les filles et les femmes qui subissent du harcèlement, mais elle peut être utilisée par toute personne qui en ressent le besoin. L’app agit comme un moyen de pallier le sentiment d’insécurité dans l’espace public. Sa principale fonction est l’alerte. En cliquant sur le bouton “SOS”, une liste de proches élaborée au préalable (3 maximum) est notifiée de ton problème. Iels ont accès à ta géolocalisation ainsi qu’à l’audio de ton téléphone, iels entendent ce qu’il se passe. Tant que l’alerte est en cours, l’audio de ton téléphone s’enregistre automatiquement, aussi bien sur ton téléphone que sur ceux de tes proches et pourra être téléchargé par la suite. Cela peut s’avérer utile en cas d’un dépôt de plainte.
  • Queerpiss : brochure qui interroge l’(in)accessibilité des toilettes publiques pour les corps queer ou hors normes (personnes LGBTQIA+, personnes grosses, personnes handicapées, personnes à mobilité différente…)  
Illustration de deux verres de bière qui tintent ensemble